La nébuleuse

À ciel de vie ouvert, la nébuleuse danse sous le souffle argenté de mon crayon.

Paysages de graphite éphémères et respirés.

Au loin perce un chant ténu.

C’est la mélancolie des coquillages, bercés de vies en vies et de mille ans d’âge.

Sous le silence, les nuages avancent et dessinent de leurs ombres la cartographie d’un pays céleste au sol de nos jours, tandis que nos regards s’élèvent vers la lumière de leur berceau.

Suspendues dans l’air, gorgées de nos anciennes larmes et des gelées hivernales, les vapeurs de nos âmes s’envolent désormais dans la légèreté de leurs desseins, poussées par nos rires francs et nos bonheurs ressuscités.

Ces nuées blanches et grises dessinent le visage du temps.

Il nous sourit.

Petite erre I

Au soleil de l’été, j’abandonne mon crayon au vent salé, au chant des sirènes et à l’écume des jours en partance. Je trace du bout des doigts les rivages endormis, bercés par le rythme millénaire des vagues. Ressac d’une vie sur l’autre et des matins renouvelés. Les embruns accompagnent la rosée et posent un chapelet lacrymal sur les châteaux de sable de la veille. Vestiges des princesses imaginaires défendues sur l’honneur par des chevaliers éphémères qui contemplent l’horizon avec langueur.

Le temps s’écume dans la blancheur des innocences maintenues et efface les empreintes qui dansent avec les vagues. Chorégraphie de ceux qui ont l’âme dans les pieds. Tandis qu’au loin, l’oiseau de tramontane s’élève et virevolte, frôle le sol et siffle à chaque changement de cap, avant de finir sa course le nez dans le sable. Les rires des marins recouvrent les plages de silence, l’embarcation laissée à la dérive des courants.

Puis dans la lumière rasante et dorée du soir, les châteaux tombent en ruines, grain par grain. Nos traces ont disparu. Nos rêves ont survécu.

Demain recommence.

Petite erre II

Modèle vivant

L’étude du corps nu permet d’aborder les questions esthétiques des proportions, des modelés et de la perspective, en observant les ombres et les lumières, l’inclinaison des plans et l’équilibre anatomique.

Mais au-delà du dessin d’observation, la sensibilité du regard et de la main qui dessinent rend au corps l’insondable rêverie d’une identité propre. Ce corps qui dévoile son rapport direct à l’espace, est le point de départ d’un voyage artistique.

Dessin et peinture épidermiques.